Interview de Batlik

A l'occasion de la sortie de En mâchant bien" - 12/02/2009

Je t'ai découvert par le bouche à oreille il y a même pas 1 mois ! Et pourtant tu en es à ton 5ème disque.
Ca m'a assez surpris de ne jamais avoir entendu parler de toi avant. Je suis pourtant assidument l'actualité musicale.
Alors est-ce que c'est moi qui suis complètement passé à côté de toi dans les médias ?

Il est très facile de passer à côté de moi dans les medias.
C'est à peu près aussi facile que de passer à côté d'un trèfle à 4 feuilles dans un champ d'orties.

Même si certains des albums ont été chroniqués dans quelques canards, nous n'avons jamais eu de véritables articles dans la presse.

Pour ce qui est des radios, mise à part Radio Neo qui me suit depuis mes débuts, quelques radios locales et le réseau France Inter (en particulier FIP), les albums se font rares sur les ondes. Les gros medias privés ne travaillant quasiment exclusivement qu'avec les majors, je ne rentre pas dans leurs créneaux.


Ou ta renommée se fait effectivement essentiellement par le bouche à oreille et par le biais des concerts ?

Effectivement, j'entends souvent dire "je t'ai connu via un pote qui connaissait une fille qui t'avait entendu...."
Le bouche à oreille est mon plus puissant réseau de diffusion et les concerts sont, à mon avis le lieu par excellence pour découvrir un artiste.


A l'écoute de "en mâchant bien"...on se rend compte de ta soif de liberté...Tu ne te cantonnes pas à un sujet ni à un style.
On a droit à des chansons à texte, des titres festifs, des mélodies, du second degré... Si je te compare à un troubadour...ça te vexe ?

Non. C'est vrai que je ne résonne jamais en termes de style musical en composant. Pour ce qui est des sujets abordés, j'essaye de varier les thèmes même si c'est l'émotion qui est à l'origine du thème et jamais la réflexion.


En fait, il se passe quoi en mâchant bien ?...on digère mieux ?

Oui. C'est aussi l'idée de proposer des morceaux qui ont tourné un certain temps sur scène. Ils ont été joués, re-joués et digérés, ils ont évolué et se sont doucement glissés dans le moule formé par les interprétations successives.


Et c'est quoi ce "complexe du chien de prairie" ?

C'est la sensation de retrait qu'on éprouve parfois lorsqu'on est entouré par du monde. Le chien de prairie c'est le type qui est tout derrière sur la pointe des pieds pour pouvoir rentrer dans le cadre de la photo.


Quelles ont été les conditions d'enregistrement de ce live ? Vu la qualité sonore (à moins que ton public soit très discipliné), ça a dû repasser par le studio non ?
Si oui, vous avez retravaillé quoi ?

Nous avons enregistré en 24 pistes et le mixage a été long. J'ai pris mon temps pour faire ce mix. En revanche, mis à part le rajout de un ou 2 orgues, rien a été changé. Ce qu'on entend c'est ce qui a été joué ce soir là. Le public avait été averti qu'on enregistrait un live et il a joué le jeu à la perfection.

Tu sors tout sur ton propre label "A Brûle pourpoint". J'imagine que tu as donc toute ta liberté dans ce que tu fais ou veux faire.
Mais il ne t'arrive jamais de ne pas envier les artistes signés dans des majors et bénéficiant d'une promo monstre et de moyens bien plus importants ?
Tu réponds déjà à la question dans les interviews et dans le titre "nouveau producteur" ...pas prêt à vendre ton âme pour vendre quelques disques de plus ?

Non jamais. Le mode de développement que les majors proposent à leurs artistes, je le trouve assez ringard et en tous cas surdimensionné. Je veux pouvoir donner le choix aux gens d'écouter, d'aimer ou de découvrir. Les artistes surmédiatisés s'imposent, et je n'aime pas m'imposer. Et puis je suis assez fier de ne pas participer à ce que je dénonce dans certaines chansons, à savoir le système capitaliste, celui des monopoles, celui à cause duquel il est devenu quasiment interdit d'être à la fois artiste et son propre producteur. Comment peut on chanter le poing levé une chanson contre la propagande télévisée par exemple quand on est signé chez Sony qui fabrique des télés à la pelle, ou chez Universal coté au CAC40 ?




Malgré ou grâce aux qualités de ta musique, tu n'as pas de tubes formatés susceptibles de passer sur les grandes radios françaises.
Serais-tu prêt, sans toutefois te corrompre totalement et en gardant ta patte à essayer d'écrire un titre un peu plus formaté "radio" pour ensuite amener les gens à s'intéresser à toutes tes créations ?

Je crois que ce qui fait un tube ce n'est pas seulement la chanson mais aussi et surtout sa fréquence de diffusion et de promotion. J'aime me dire que certains de mes titres pourraient devenir des tubes s'ils avaient l'exposition suffisante pour y accéder.


Tu prévois de signer d'autres artistes sur ton label ?
Si oui, tu risques de rentrer dans la même logique de rentabilité qu'un producteur "classique" ?

Oui je voudrais pouvoir signer d'autres artistes. Cela dit, je reste persuadé que le meilleur producteur pour un artiste c'est lui-même. Le producteur, c'est le patron de l'artiste, et je rêve naïvement à un monde ou les artistes n'auraient pas de patrons, si ce n'est eux.


**** Questions freezeec ****

Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?

Le bruit de la pluie.


3 chansons que tu ne te lasses pas d'écouter ?

Rita Mitsouko - Les Amants
Nina Simone - Ain't Got No...
Brel - Orly.

Ecouter les 3 titres :



3 films cultes ?

Raging Bull.


Le Parrain.

Il était une fois en Amérique.



Une passion autre que la musique ?

La sieste.