Interview Ez3kiel!

05 avril 2007

Comment avez-vous réalisé tout cela ? Aviez vous une équipe importante ?
Avez-vous collaboré avec des personnes extérieurs (éditeurs de jeu vidéo...)?
Ou est-ce que les talents de votre baphiste (graphiste/bassiste) ont suffit ?

L'album "Naphtaline" est une autoproduction en licence chez Jarring Effects.
Nous sommes donc producteurs aussi bien pour la partie audio, que la partie interactive du DVDRom.
Contrairement à ce que l'on pourrait s'imaginer nous travaillons avec un budget extrêmement restreint pour un projet d'une tel ampleur, et tout est en quelque sorte bricolé à la maison.
Pour ce qui est de l'album nous avons limité les coûts en enregistrant nous même, et en ne réservant la location d'un petit studio (Pôle Nord) que pour le mix.
Pour la partie DVDRom, c'est Yann (Musicien/Graphiste) qui a tout fait.


Est-ce que vous avez composé la musique sur les images ou l'inverse ?

La musique a été composée bien en amont des images.
Ce n' était pas réellement une question de volonté, mais l'apprentissage pour maîtriser un tant soit peu le logiciel "Director" qui a servi à réaliser le DVDrom a demandé beaucoup plus longtemps que prévu.
La musique était terminée, il n'y avait toujours pas la moindre animation. Il a donc fallu avancer dans le noir avec les indications que Yann pouvait donner, et anticiper en s'appuyant sur l' univers graphique de ces précédents travaux.
Tout est resté très flou pour nous jusqu'aux tous derniers moments. Mais nous travaillons ensemble depuis suffisamment longtemps pour bien connaître les univers respectifs de chacun et avancer ainsi sans que le rendu final ne s'en ressente.


A l'image de Jean-Michel Jarre, vous essayez de faire évoluer l'univers musical actuelle? JMJ a sorti son avant-dernier projet en sacd (cd son 5.1) accompagné d'un dvd où était simplement filmé l'oeil de sa femme...
Vous sentez vous proche de lui par la démarche artistique ?

Nous ne connaissions pas son dernier projet.
A vrai dire il y a peu de références à citer lorsque l'on parle de DVDrom associé à un album.
Bien sûr il y quelques bonus interactifs accompagnant certains cds, mais dans le cas d'un projet artistique a part entière notre principale référence reste le cdrom de Peter Gabriel "eve" sorti il y a presque une 10aine d'années maintenant.
Notre propos n'est pas de vouloir à tout pris marier les nouvelles technologies, mais réside plus dans le fait que pour associer et montrer les différentes pistes que l'on a commencer à explorer dans notre travail (à savoir la musique via les albums, la vidéos via les projections du live, l'interaction et la programmation via l' interface de notre site), il s'avère que le dvdrom est le support le plus adapté.
C'est très important pour nous que les gens puissent voir la totalité de notre travail, et pour ce projet un album seul aurait été trop étroit pour tout dire.


Où allez vous vous arrêter, avez-vous déjà d'autres idées ?

La prochaine étape est encore floue.
Nous devons prendre soin d'avancer d'un même pas entre la musique et les images.
Mais d'ores et déja on va essayer de mettre en pratique d'ici la fin de l'année ce principe de tableaux interactifs en live.


A quand un film avec la bo jouée en live dans un cinéma ?

Pourquoi pas ? Pas mal de formations s'y sont déjà essayés. Mais ce n'est pas dans nos projets.


Sur ce dvd-rom et ce qu'on a pu lire à son sujet, l'action du spectateur/acteur sur les images va influencer sur les sons.
Mais est-ce qu'il est également possible de créer les images à partir de la musique ?

Avant toute chose, il faut re-préciser que le dvdrom n' est pas le fruit du travail d'une boîte multimédia ou d'une équipe de développement.
Il a été réalisé par une unique personne qui a du apprendre très rapidement les divers champs de compétences que l'élaboration d'un tel projet impose.
Il ne faut donc pas s'imaginer derrière une Playstation, ou aux commandes du dernier logiciel révolutionnaire de Native Instrument.
Le propos de "Naphtaline" est d'articuler son, images et interaction en fonction de divers scénarios. L'action du manipulateur aura bien entendu des conséquences sonores, mais aussi visuelles. Les deux étant intimement liées, on peut difficilement préciser si c'est l'image qui crée la musique ou l'inverse.
Il y a en outre 3 tableaux entièrement consacrés à l'image, et un logiciel de traitement d'image qui permet de scanner un portion d'image et de la répéter à volonté pour en créer une nouvelle.


Est-ce que ce projet signifie que vous vous éloignez de la musique "brut" et de la qualité du son (peu de gens on encore un environnement sonore adapté à l'écoute d'un cd sur pc) ?

Non bien au contraire.
Si nous avons choisi le DVD comme support c'est pour pouvoir mettre les sons en meilleure qualité et non compressés comme ils peuvent l'être sur un site par exemple.
Il ne faut pas oublier qu'un album accompagne le DVDRom et que la qualité et le travail du son est très important pour nous.
De plus c'est très certainement l'album ou nous avons le plus maîtrisé, et défini notre son.


Si vous aviez tous les moyens à votre disposition, à quoi aurait-on droit ?

Très bonne question, mais on risque de se faire beaucoup de mal en y répondant.
La question qu'il faut se poser dans le contexte dans lequel on évolue c'est : voici les moyens, que fait-on ?


Est-ce qu'une tournée est prévu pour ce projet ?

Non, dés le départ il n'était pas question de mettre ce projet en live.
D'une part cela nous offrait beaucoup plus de latitude pour composer les morceaux, et faire intervenir de nombreux musiciens et instruments.
D'autre part la plupart des compositions ont réellement été pensées comme des berçeuses, et seraient très difficiles à faire vivre sur scène.
Mais il est probable que dans notre prochain set on en joue quelques unes.

Nous allons toutefois faire des rencontre dans les salles de concerts ou nous présenterons Naphtaline.
Ca ne sera pas un concert, mais juste une rencontre discussion avec le public sur notre démarche et approfondir le maniement de l'interface.


Venons en un peu à la BO, les titres des chansons font penser à un univers onirique...comment se traduit un tel univers en musique ?

Nous avons composé en prenant conscience que les images et la musique seraient indissociables, nous devions créer un univers calme et profond qui impose des images et le fait de savoir que cela ne serait pas joué, nous a permis d'aller encore plus loin.


Un titre s'appelle 'le lac des cygnes', est-ce que c'est une reprise de Tchaïkovski ?

Le titre de ce morceaux est "le lac des signes" (signe graphique). Pour l'histoire c'est une réarrangement de la version "lak" enregistrée sur le live avec les DAAU lors du "versus tour" qui a été orchestré autour d'une séquence vidéo du mémoire de fin d'étude de yann ou apparaissait une danseuse en représentation d'un ballet du "lac des cygnes".
Ce n'est en aucun cas une reprise de Tchaïkovski.


Rassurez nous, vous n'avez pas fait un cd de musique classique :) ?

La bande son du cd est le fruit de multiples influences, la musique classique en fait partie, avec des choses plus contemporaines comme Philip Glass et bien d'autres, nous souhaitions une orchestration différente pour ce projet et explorer encore plus les tessitures qu'offrent les instruments dit classiques.


En 2005, vous avez collaboré avec Nosfell aux Eurockéennes de Belfort, apparemment cette collaboration a marqué quelques fans...
Quelle bilan tirez vous de cette collaboration ?

Cette collaboration est à l'initiative des programmateurs du festival de Belfort qui proposent chaque année à des groupes de s'associer le temps d'une soirée.

C'était un projet excitant dans le fait d'isoler deux groupes qui ne se connaissent pas et qui doivent créer pendant quelques jours un set pour le présenter à un des plus gros festival français...
Nous n'avons pas eu de mal à fusionner nos deux univers.

Nous avons d'ailleurs incorporé dans "Naphtaline" un morceau "Lethal Submission" que l'on a joué ensemble en 2005.


Envisagez vous d'autres collaborations ? Y a-t-il des invités sur le cd ?

Nous avons écrit la plus part des arrangements et avons proposé à des musiciens de les rejouer.
C'est certainement le projet ou il y a le plus d'invités, nous avons fait intervenir beaucoup d'instrumentistes Tourangeaux que l'on croisent régulièrement (L'orchestre du Coin, Les Traines Savates, Vaguement la Jungle...), nous avons aussi fait intervenir les DAAU , un chanteur belge "Greg Frateur" qui a une formation avec l'accordéoniste des DAAU qui se nomme "DEZ MONA".
Dans les extras audios sur le DVD rom il y a divers morceaux réalisés avec "La Trabant" (bande son de SHAZAM spectacle de danse de Découfflé) avec qui nous avons collaboré au début du projet.


Un mot sur la musique en général ...

J'essaie de faire la promo d'artistes qui en sont à leurs débuts ou qui n'arrive pas à concrétiser leurs projets malgré la qualité de leurs musiques.
Ils doivent souvent se contenter de proposer leur composition gratuitement sur le net pour avoir une visibilité, mais en France on croit encore que qui dit gratuit dit mauvais son...
Que pensez vous de ce phénomène ?

Le monde de la musique est en pleine mouvance suite a l'internet, et la situation est loin de se stabiliser.
Nous avons eu la chance d'arriver avant l'explosion de ce phénomène, il est sur qu'il est bien plus dur aujourd'hui de sortir du lot.
Pour notre part nous avons créé notre réputation en concert avec de longues tournées au quatre coins de la France.
Aujourd'hui avec l'outil informatique beaucoup de gens font des morceaux mais très peu les jouent en live, les lieux de diffusions prennent de moins en moins de risques sur leur programmation car la politique musicale est fondée sur les ventes de disques et il faut faire de l'argent.
Quel intérêt d'aller payer dans une salle pour découvrir un groupe alors que sur myspace c'est gratuit. Les gens ne sont plus curieux face a une masse de musique qui en devient étourdissante.


Quel est votre point de vue sur l'industrie du disque actuel ?

Comme son nom l'indique c'est une industrie et il n'y a pas de place pour les réelles découvertes en france dans ce milieu, c'est soit de la chanson à texte, soit une pale copie de l'univers anglo-saxon.
Il y a peu d'artistes français qui ont su s'imposer (NOIR DESIR, DIONYSOS, LOJO).
La réalité devient très dure pour les artistes indépendants, peu de budget, statut d'intermittence impossible a boucler en étant simple musiciens.
La création a besoin de temps et les échéances se réduisent. Il faut produire à tout va, ce qui nuit sur la qualité du contenu.
On est dans l'air de la consommation de la musique.


Un mot sur Idem qui va sortir un best-of de son triptyque discographique débuté en avril 2004, et qui a participé à quelques concerts avec vous, et que vous avez même remixé ?

Nous suivons leur parcours depuis longtemps il nous ont vu évolué et nous de même, ça fait longtemps que nous ne les avons pas vu sur scène.
Nous apprécions leurs productions, leurs concerts originaux et hors des sentiers battus, et c'est avec plaisir que nous avons remixer deux de leurs titres.
Bien le bonjour messieurs et dames de Idem.


Questions Freezeec

Qu'est ce que vous écoutez en ce moment ?

"Sofa Surfer", "Silver Mt Zion", le groupe Irlandais "Red Neck manifesto", "From Monument to Masses".
Des choses plus expérimentales "Strings of consciousness", "fantomas" et les divers projets de "Mike Patton", "Little Barrie","Sage Francis", "Converge"...


Des artistes à nous conseiller ?

Sugar Plum fairy , Fumuj , S-Pam, Poney Club ...


3 chansons que vous ne vous lassez pas d'écouter ?

Fight the youth (Fishbone) -écouter
Atom Heart Mother (Pink Floyd)
First it giveth (Queen of the Stone Age)


3 films cultes ?

Pulp Fiction
Requiem for a dream
Ghost Dog


Une passion autre que la musique ?

Le jardinage


Avec qui préférerez tu passer la nuit (Anne Sinclair, Laure Sinclair ou Bob Sinclair -question nulle de Ardisson)? Pourquoi ?

Les trois pour faire une belote