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Dj Oil - Black notes

8 / 101

Même si Dj Oil présente Black notes comme étant son premier disque, il m'est impossible de ne pas parler de ces débuts. En effet, même si l'expérience s'est fini douloureusement, sa présence comme une des têtes chercheuses des Troublemakers a été marquante. Et je sais que citer les Troublemakers n'est pas anodin, tant un nouvel album était attendu par les fans pour finir par devenir (à juste titre) inespérée.

Ce n'est certes pas un nouvel album des Troublemakers mais je pense que les fans se retrouveront dans ce projet solo de Dj Oil. On y retrouve quelques ingrédients dont c'est apparemment Dj Oil qui avait le secret : des instrus très travaillées, des samples très recherchées, une sonorité exemplaire...

Mais la dimension personnelle est évidemment très présente...Dj Oil est retourné aux sources de la black music, l'Afrique, pour proposé un album plutôt sombre, "il y a une évocation assez claire de la souffrance des Blacks, mais le message politique n'est jamais au premier plan, ni au premier degré". L'assemblage de sons live et de samples (jamais plus de 4 mesures) est construit comme un Dj Set, cinématique et climatique.

Pour la description des titres, je vais vous mettre celle de Jacques Denis, très complète (moi je préciserais juste que your heart m'a énormément fait penser à du Blockhead) :

Les thèmes, justement, parlons-en. « Black Notes », pour commencer. Plus qu’une introduction, une déclaration d’intention : un thème des plus sombre, un beat des plus sobre, un retour aux racines du groove pour mieux se tourner vers l’avant. Avec au micro, Gift Of Gab de Blackalicious, qui tombe les mots. Passé « Your Heart », superbe instru soulful, on retrouve le rappeur sur « Rock It » qui pose son flow plus rentre-dedans, en écho au dialogue surréaliste entre un producteur et un artiste extrait d’une tragi-comédie de Mel Brooks, « autour des questions d’étique et de fric » . « C’est une réflexion sur le nouveau buisness de la musique : un bon réseau plutôt que de la bonne musique ». Tout l’inverse de « It’s Teenage Thang », l’histoire d’un vrai gars branché musique, scandé par Reggie Gibson, slammeur de Chicago. Une voix qui tourne en boucle, une flûte qui plane haut, au-dessus ! C’est encore Malik le magicien qui irradie le climat plus feutré, entre forêt et désert, de « Give Me Your Love » : boosté par des cordes perlées et des cuivres tamisés, sa prophétique flûte s’envole à la manière des muezzins soufis sur le tapis rythmique tressé autour d’une basse totémique et des boucles entremêlées de percussions. Sur « Mind Your Step », seul le tambour tonne l’appel des esprits… et Sam Karpienia convoque en occitan l’âme des ancêtres. « Au départ, l’idée était d’établir un constat pour avancer. Il s’agit d’une réflexion sur le futur, en musique et dans la vie, sans oublier les galères. Ni les amis, qui sont tous cités. » Comme un appel à la prise de conscience, des chœurs comme des complaintes irréelles, comme une transe qui monte peu à peu à la tête, happe body and soul. Retour à la terre africaine avec « PO Box », les éclats d’âme d’un slammeur de Joburg qui dresse un constat sur l’amère réalité australe. « Il s’agit d’une réflexion sur le milieu de la musique en Afrique du Sud, où là aussi les choses ne s’arrangent pas. Le contexte pousse les musiciens créatifs à fuir ! » Ce que souligne ce poème, une voix qui slalome entre les maux et un funky drummer rehaussé de touches électro, qui se termine par « Welcome ».

Welcome, donc. Comme une ouverture vers un ailleurs, qui s’enchaîne par « Buddy », un instrumental « abstract afro jazz modal » sur un tempo house sweet house. Comme une respiration, qui annonce un changement de registre : toujours plus soul, Malik chante ainsi une ode intitulée « Charlie », le prénom de la petite de DJ Oil, tandis qu’« Ingrid Tapes » célèbre sa douce, sa femme, en une sensuelle montée, avec une voix susurrée et une flûte effleurée (Malik, toujours lui), qui peu à peu glisse vers la house spirituelle : plus de six minutes de glissement suggestifs, rythmique à la coule, vers la piste de danse… « La musique nous évite d’être seul. Travailler la musique en impro, c’est s’offrir des moments de lumière. Un seul moment peut suffire pour toucher à une énergie intemporelle. » Oil résume ainsi le propos du libre-penseur saxophoniste dont la voix habite « Alix In Ornette Land », dédié à son autre fille dont on entend un éclat de rire en guise d’intro de ce morceau au beat plus allusif, un tempo élastique qui s’étire et colle à la peau. Et pour finir, en outro, une interview d’Ornette Coleman réalisée en 1992 par Lionel Corsini encore étudiant. Le sens de la vie, de la musique ? Rendre meilleurs et plus libres les esprits, guérir les souffrances et les peines… Comme une lumière, comme une boucle ouverte, qui raisonne du plus bel écho un siècle plus tard, sur le futur d’un artiste, qui signe avec « Black Notes » le premier album d’un grand producteur.

 

vers Dj Oilhttp://www.frz.fr/upload/201206291119280.dj-oil-black-notes.jpg Black notes
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Dj Oil - "Black Notes (feat.Gift Of Gab)"
Dj Oil - "Black Notes (feat.Gift Of Gab)"... par Discograph

DJ Oil - Black Notes




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