Kaly Live Dub débarquait ce jeudi 15 mai à Strasbourg, avec un nouvel album, un nouveau set, et avec Uzul, Scorn, Dynamics et Afterbeatbox aussi, pour une soirée qui s'annonçait plus que bien.
Le nouvel album de Kaly marque une réelle évolution dans le son. Evolution immédiatement mise en avant par Paul, le guitariste du groupe qui déclarera un peu plus tard, lors de l'interview : "Alors t'as entendu le travail fait sur les basses ?"
On débarque donc, avec JB, sur les coups de 17h30 à la Laiterie pour donner une petite interview. Paul et Eric, respectivement guitariste et bassiste au sein du groupe nous font la gentillesse de nous consacrer un peu de temps. S'en suivront 40 minutes de discussions autour d'une bonne petite bouteille de vin, discussion qui – et il fallait bien qu'il y ait une couille pour ma première interview – ne sera pas sauvegardée du fait d'un bug dans l'enregistrement. Les boules un peu et j'm'en excuse auprès des Kaly.
Durant ce laps de temps, on a pu évoquer plein de choses, comme leur nouveau set, dont ils sont assez fiers, du fait de l'homogénéité de ce dernier, de l'unité aussi et surtout du fait qu'ils aient pu changer du tout au tout leur tracklist et jarter les vieilles chansons qui les saoulaient. Une liberté qu'ils apprécient du fait qu'ils ne soient pas un « gros » groupe. Ils ont vraiment tenté de raconter une histoire, d'amener les spectateurs à se monter chacun son propre voyage. Et durant tout le concert ça s'est vu. Les Kaly se faisaient plaisir et faisaient aussi plaisir au public (entre 400 et 500 ce soir-là, la taille de public qu'ils préfèrent nous ont-ils dit, avec les publics plus imposants de 2500 personnes et plus). Et il est vrai qu'il suffisait de fermer les yeux pour être emmené dans des espaces psychédéliques et barrés !
Cette volonté que chaque spectateur se monte sa propre histoire, Eric nous en a fait part, l'après-midi, lorsque nous avions posé la question si le Vjing intéressait Kaly Live Dub. En effet, pour eux, il n'est pas question d'intégrer la vidéo dans leur set, d'une part parce que ça limiterait l'imagination de chacun, de l'autre part, parce que tout le monde l'a déjà fait. En live, ce désir se traduit donc par des rouages illuminés en arrière plan, très bonne idée en soit, selon moi, on pourrait aisément interpréter ces derniers comme les mécanismes de l'imaginaire de chacun.
Et cette envie, celle de se démarquer des autres, elle est prépondérante chez les cinq Lyonnais. Pour Eric "faire de la drum pour faire de la drum, ça n'apporte rien". C'est ainsi que lorsqu'on leur a demandé de nous faire part de leurs dernières claques musicales, les deux compères ont immédiatement déclaré : Portishead. Ils ont bien aimé le côté sans concession fait par Beth Gibbons et les siens. Car même s'ils n'apprécient pas tous les morceaux de Third, ils saluent le disque par le fait qu'il ose. Qu'il ose casser avec l'ancien son de Portishead, quitte à perdre une partie de l'ancien public.
Et le fait d'oser, on le retrouve aussi dans Fragments, leur nouvel album, un disque plus mûr, dixit Eric. Ils avaient vraiment envie de dépasser l'ancien son du groupe "de faire du dubstep, mais pas du dubstep à l'anglaise tu vois, quelque chose à notre sauce". Il n'était pas question pour eux de faire faire du slap sur tout un morceau à la basse, car, même si c'est joli, ça ne desservait pas l'ensemble. L'évolution du son, l'envie de sortir des carcans dans lesquels on les attend, si on l'entend sur l'album (notamment avec des titres comme Ravmone.exe, véritable tuerie, pas encore jouée en live, car trop barrée selon Paul), elle s'entend aussi beaucoup en live.
Kaly a ce côté jouissif de ne pas vouloir vous servir le même plat que les autres. Je m'explique, alors que certains se laissent aller à des crescendos jusqu'à tout exploser pour que tu sois bien dans l'truc à te remuer comme des malades, ils chercheront plus, juste après le crescendo, le break qui va te surprendre, te désarçonner. Ce côté là s'entend aussi sur l'album avec des titres comme Ravmone.exe où la retenue, la suggestion d'un son plus speed, plus bourrin mais qui s'avèrerait aussi plus commun, donne une autre dimension au morceau. Comme quand, au cinéma, on vous suggère une scène, au lieu de vous la montrer. La scène en devient tellement plus puissante. Ici c'est pareil.
Pour revenir à l'album, les cinq Lyonnais ont pris un peu plus de temps pour l'enregistrer. Pas que leur côté perfectionniste a fait qu'ils ont retravaillé 30 fois chaque prise - Paul nous a avoué qu'ils se fixent 3 prises maximum pour chaque partie, pas plus, ça a son côté frustrant, parce qu'à chaque fois, ils se disaient qu'ils pourraient modifier tel son, ou tel autre, mais trois prises, c'est bien – mais ils voulaient que l'album sonne comme un ensemble, un tout. Le plus stressant, selon eux, c'est la période de post-prod, de montage, car "c'est là que tu te rends compte que tu voulais jouer un truc et que tu as joué totalement autre chose" et c'est aussi à se moment que l'artiste se demande le plus si ce qu'ils ont fait, ça va plaire. D'un autre côté, le moment de la prise est vraiment très excitant, selon Paul, illustrant ces paroles avec une métaphore sur le surf : "c'est comme lorsque tu prends une vague, à ce moment là, tu te fermes sur toi-même, il y a juste toi et ce que tu fais."
Les samples sont toujours autant importants dans cette galette, même si moins "ethniques". Le choix de ces derniers se fait au gré des envies, parfois avant même d'avoir un morceau en tête, parfois après, mais généralement, une fois que le sample est posé sur une instru, l'ossature est là. Le morceau s'enrichira mais ne subira pas de profondes modifications nous raconte Eric. C'est ainsi que l'on peut reconnaître un sample du manga Naruto sur Silent Moment, le sample de Full Metal Jacket (Cross Rullings) - la scène où la division se fait tirer dessus par le sniper, scène on ne peut plus culte pour pas mal de gens et pour Paul apparemment, qui nous la raconte comme s'il l'a vivait - et un sample d'un autre film culte, facilement reconnaissable sur un autre morceau de l'album.
Quant à la question d'éventuels featurings, les deux compères répondirent à l'unisson que sur Fragments, ils ne voyaient pas qui pourrait venir collaborer. Et en live, ça se sent bien. Chacun se complète, ils occupent bien l'espace de la scène et sont attentifs à chaque réaction du spectateur comme nous le dit Eric : "Quand j'suis sur scène, j'fais attention à chaque personne, pas en tant que public dans son ensemble, mais en tant que personne. Parfois, tu tombes sur un mec qui ne bouge pas. Tu te dis merde, il a pas bougé de tout l'concert, mais il y a ces petits signes, il bouge la tête, ferme les yeux, lâche un petit sourire de temps en temps, en fait il écoute. Et ça fait plaisir !"
En tout cas, question plaisir, le public en a reçu sa dose lors de cette soirée. Malheureusement, je n'ai pas pu tout voir, loupant Afterbeat box et Dynamics, mais Uzul Prod, composé du machiniste de Kaly, Uzul, avec un des gars de Picore, nous a emmené dans des contrées lointaines et psychédéliques (écoutez leurs premiers albums, que ce soit celui d'Uzul Prod, autant que celui de Picore), et ce malgré quelques petits soucis techniques pour le guitariste.
Scorn, pour le peu que j'ai vu, c'est du lourd. Mais quand je dis lourd, c'est autant au niveau de la qualité que du volume de la musique, très dense, très lourde, oppressante. Le fait qu'il officiait dans Napalm Death avant ne doit pas être étranger à cela.
Et Kaly, quant à eux, je ne peux que vous recommander d'aller les voir en concert pour passer une excellente soirée. Leur nouveau set est énorme, ce qu'il faut de morceaux rythmés, ce qu'il faut de morceaux planants. De plus, il faut noter l'excellent boulot qui a été fait sur l'éclairage et les jeux de lumières. Ce qu'il faut pour que vous puissiez profiter pleinement du set. Bref, que du bonheur !
Merci à eux donc, aux groupes que j'ai pu voir, ainsi qu'à Claire de 4Promo et promis, la prochaine fois, je ferais gaffe quand j'enregistrerais !
Lien permanent vers Kaly Live Dub à Strasbourg, Interview-15-5-08
http://www.frz.fr/upload/200805261814150.kld2.jpg
Notice: Undefined index: extrait1 in D:\freezeec\article.php on line 105