Entretien avec Pablo Andres
Interwiew de Pablo Andres à l'occasion de la sortie de l'album Nino Del Sol.
Est-ce qu'il y a une scène Hip-hop francophone en Belgique qui se distingue de la scène française ?
- Tout à fait, j'ai baigné dans ces deux cultures très opposées et ça représente pour moi une vraie richesse dont je suis fier. Il y a bien sur une influence latine dans cet album mais j'ai aussi été influencé par les disques qu'écoutait mon père : Jacques Brel, Serge Gainsbourg et la chanson française de manière générale. J'ai toujours été fasciné par leur façon de jouer avec la langue française.
En Belgique il y une grosse scène hip hop, et la différence avec la France est certainement le manque de moyens pour la promouvoir. L'inconvénient c'est le manque de visibilité et la difficulté pour percer et vivre de son art, mais l'avantage c'est que les artistes belges ont cette créativité et cette authenticité qui n'a pas encore été formaté par l'industrie du disque...

Oui j'ai eu la chance de faire beaucoup de concerts et j'ai appris énormément sur scène. Je savais déjà la direction que je voulais prendre, mais c'est sur scène face au public que tout prend réellement forme.
C'est sur scène que j'ai appris que le plus important est la sincérité et l'écoute. Un bon concert ne se fait pas seul. Le plus beau cadeau est de partager ce moment avec mes musiciens et de faire passer une émotion tous ensemble.
Ce n'est pas trop dur de postuler aux festivals sans album sous le bras pour se promouvoir ?
Pour la Belgique j'ai eu la chance de travailler avec de bons tourneurs. J'avais des maquettes de l'album à faire écouter et vu la positivité et le métissage du hip hop qu'on propose on a toujours eu un accueil chaleureux dans les festivals.
En tout cas, on sent vraiment le coté "live" dans l'album. On a aucun mal à l'imaginer sur scène, chose plutôt rare pour un album "hip-hop".
Comment as-tu enregistré l'album ?
L'album a été réalisé avec des musiciens avec qui je travaille depuis plus de 5 ans. On se connaît tous très bien et il y a une part de chacun dans chaque titre. J'avais déjà écrit les textes et une vision de la direction que je voulais prendre, des couleurs de chaque titre, mais chaque musicien y a ajouté sa touche personnelle. Ce sont les musiciens qui ont composé les morceaux et Sir Samuel et DJ Fun qui les ont arrangé.
Est-ce que tu as prévu une tournée avec ?
On fait un gros concert pour la sortie de l'album en Belgique le 24 janvier au Botanique. Puis on sera très probablement présent dans les gros festivals du printemps et de l'été belge. Pour la France on est à la recherche d'un tourneur.
"Nino Del Sol", signifie "enfant du soleil", est-ce une référence aux origines de ta mère et dont tu te sens proche ?
Enfant du soleil ou disciple de la lumière. Dans le titre je ne fais pas allusion à ma mère, mais bien à ce que représente le soleil pour moi à un sens plus grand et spirituel. Cet album est avant tout un message positif un retour aux sources, aux vraies valeurs. Amour, amitié, sincérité. Ça représente mon
combat pour rester sur le bon chemin, celui qui mène au soleil. Ça peut paraître cliché, mais c'est vraiment essentiel pour moi.
Mais l'album est vraiment un mix entre tes 2 pays et le mariage est vraiment réussi : sonorités latines, textes engagés ou plus léger avec une pointe d'humour.
Ca ne peut pourtant pas paraitre évident ?
- C'était vraiment l'objectif, être le plus cohérent avec ce que je suis. J'aime les sons ronds et chauds. J'adore peindre avec les mots et faire passer une émotion. Je n'ai pas cherché à paraître coloré ou intelligent, j'ai juste voulu être le plus authentique possible.
Est-ce que ça a été un travail de longue haleine pour marier ces 2 cultures ou est-ce que c'est vraiment venu naturellement ?
- Pour moi c'est tout à fait naturel. Maintenant le plus difficile a été d'épurer tout ça pour aller à l'essentiel.
Une chose que j'ai vraiment appréciée et également assez rare pour le style, c'est que le disque s'écoute sur 2 niveaux.
On peut l'écouter "de loin" et profiter pleinement de la musicalité, mais on peut également l'écouter attentivement et s'intéresser aux textes.
C'est important pour toi ?
- Ca me fait vraiment plaisir ce que tu dis. Il y a toujours une vibe qui se dégage d'un morceau de par la couleur du son. J'adore ensuite rajouter d'autres couches dans les textes pour marier le fond et la forme.
Sur l'album tu as invité Sir Samuel (qui a réalisé l'album avec DJ Fun, deux ex Saïan Supa Crew) et Sergent Garcia. Cohérent, on peut te placer entre ces 2 ? :)
- Je suis avant tout un fan et je suis très admiratif de leur travail. Même si ils viennent d'univers très différent, ils ont comme point commun l'humanité et la passion de la musique. Je me retrouve à la fois dans la folie, la générosité et l'énergie du hip hop du Saian et la positivité, l'esprit festif et coloré de Sergent Garcia.
Question FreeZeec
Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Mac Miller, toute la discographie de Jay Dee et de la musique traditionnelle mexicaine.
Mac Miller - Kool Aid & Frozen Pizza
Que pense la personne la plus proche de toi de ton album ?
Je dirais que c'est ma mère. Elle est super fière de moi et de l'album. Elle m'a toujours soutenue et poussé à me battre pour réaliser mes rêves.
Des artistes à nous conseiller (autres que ceux que tu écoutes en ce moment) ?
- Les mixes de DJ Lefto sur Studio Brussel, Cléo, Vicente Fernandez.
3 chansons que tu ne te lasses pas d'écouter ?
Joe Bataan - Ordinary guy
Bob Marley - Sun is shining
Slum Village - Climax
3 films cultes ?
Raging Bull, Smoke, The Big Lebowski
Une passion autre que la musique ?
- Je suis comédien et je suis passionné par l'art de la comédie. J'adore observer
les gens, décrypter les petites manies et leurs petits défauts. Arriver ensuite à les retranscrire sur papier puis le mettre en mouvement simplement et avec
poésie, ça me fascine. Je travaille d'ailleurs sur un one man show constitué de plein de personnages. Ça n'a absolument rien à voir avec ce projet mais je
prends mon pied.
Je jouerai sur Paris à partir de mars à l'Instinct théâtre. J'ai hâte.