Entretien avec Degiheugi

Interwiew de Degiheugi à l'occasion de la sortie de l'album Dancing Chords and Fireflies. Propos recueilli par Dadidi
Ne passez pas à coté de la chronique de l'album par Frozen)dream

Retrouvez également la première interview de Degiheugi avait accordé à FreeZeec à l'occasion de la sortie de Broken Symphony.

Degiheugi en 2012, c'est qui ? C'est quoi ? pour ceux qui ne te connaissent pas...

Degiheugi (Jérome Vildaer de mon vrai nom), déjà pour ceux qui se posent la question, ça se prononce comme les 4 lettres : D.J.E.J.
J'ai commencé le projet "degiheugi" en 2005, avant j'étais dj dans un pti groupe de rap local, j'ai eu envie de faire un truc solo, un peu plus éloigné du hip-hop traditionnel, le premier album "Aquilon" est né de cette idée. En 2012, et 4 albums plus tard, je suis resté dans cette idée, du beatmaking, mais sans limite de styles ou autres, juste faire la musique que j'ai envie de faire à l'instant T.


"Dancing Chords & Fireflies" est ton cinquième album a ce jour. Peut tu nous en dire plus sur le processus de création de ce disque ?

C'est parti assez bizarrement finalement. Après mon album précédent "Abstract symposium" j'ai longuement hésité si je devais refaire un album ou pas.

Un très bon ami, en écoutant les 2-3 titres que j'avais de coté, me conseilla de faire juste un petit EP, genre 4-5 titres. Je me suis dit pourquoi pas. J'ai commencé à recomposer 1 puis de 2 titres, et finalement, je fut pas mal inspiré. Les titres se sont enchainés, quelques featuring aussi, assez rapidement, je me suis retrouvé avec pas mal de nouveaux titres, j'ai décidé de refaire un album plutôt qu'un petit format.


Présente nous rapidement les invités de ton album.

Il y a Miscellaneous, du groupe Chill Bump ou Fumuj sur 3 morceaux, Pierre the Motionless et Brzowski sur un autre, Astrid Van Peeterssen et Andrre sur un titre très "trip-hop", et Felix Faire sur le dernier morceau de l'album (un petit prodige de la guitare !).

J'ai été complètement ravi de ces collaborations, elles se sont faites toutes assez naturellement, avec pour chacun d'entre eux, un contact génial et le coté humain qui a eu une part importante. Je tiens à tous les remercier, je suis très fier de chacun des ces morceaux !


Qu'est ce qui t'a poussé à revenir à un disque plus instrumental ?

Qu'est-ce qui m'a poussé à faire un disque moins instrumental sur le précédent plutôt ! haha. Non, plus sérieusement, la musique instrumentale, c'est toujours ce que j'ai aimé. J'ai voulu revenir à mes premiers amours.

Sur le précédent disque, c'était vraiment un choix d'avoir un invité sur chaque morceaux quasiment. C'est très très compliqué à gérer, autant musicalement qu'humainement, faut laisser la place aux voix, et aux gens, faire avec les emplois du temps chargés de chacun... là j'avais envie de faire quelque chose de plus personnel, me laisser guider par mes envies, comme sur les premiers disques, sans complication.



Personnellement, je considère ton album comme le plus abouti : j'y retrouve la narration de The Broken Symphony et les ambiances de Abstract Symposium. Est ce que tu penses avoir trouvé une touche sonore plus personnelle ?

Je l'espère en tout cas. J'ai toujours essayé, et ce depuis le début, d'avoir mon propre style, ma propre touche.
Peut-être maintenant que je vieilli j'arrive plus facilement à faire passer ce que j'ai envie de dire... et d'une manière qui m'est propre. Mais ça reste très difficile de s'auto-juger...


Après quatre disques en Creative Commons, quel est le regard que tu portes sur la musique gratuite ? Toujours aussi activiste qu'il y a 6 ans ?

Non, c'est pas simple... Activiste, je n'ai plus le temps honnêtement... la vie change, je change, mon emploi du temps aussi. le si peu de temps libre qu'il me reste je le consacre à composer.

Y'en a beaucoup qui vont me dire que j'ai retourné ma veste, que ce dernier n'est plus en Creative commons, etc... J'ai voulu tout simplement testé "l'autre coté".

Y'a du bon, et du mauvais des deux cotés je m'en rend compte avec la sortie de celui-ci... Je me suis rendu compte que j'ai prôné les licences libres pendant plusieurs années sans vraiment connaître l'autre facette. Finalement y'a des dérives des deux cotés...

Quant à mon regard sur la musique gratuite, comme je te disais, y'a des dérives, certains pensent que gratuit rime avec amateurisme, d'autres profitent un peu trop en pensant qu'une fois téléchargé, on peut tout faire avec, dont faire du plagiat, ou des entreprises qui font de la synchro sans rien déclarer... Le coté plus cool par contre, c'est l'échange, le coté « copains » avec ceux qui te téléchargent, y'a une sorte de complicité avec les auditeurs qui s'installent.


Toujours pas de proposition de signature sur label ? Comment expliques-tu le fait que tu te retrouves sur Deezer et Spotify avec la sortie de ton disque ?

Pour tout avouer, ça a failli se faire, et finalement c'est tombé à l'eau. C'est aussi pour ça que je me retrouve sur Deezer, itunes, etc... Avec cet éditeur, on y croyait, on a commencé les démarches pour être sur ces plateformes... Finalement, on n'a pas trouvé d'accords valables pour nous deux, et honnêtement j'avais 2-3 samples sur l'album qui posaient énormément de soucis. Une fois la machine lancée pour le placement sur les sites comme itunes, spotify, etc. c'est compliqué de faire machine arrière.


Quelles sont les choses que tu regrettes à propos de ce disque ?

Musicalement rien. Après les choix stratégiques, l'histoire avec le label, mon choix de diffusion, je suis vraiment pas sur d'avoir fait les bons choix... le temps me le dira. Mais tu sais, j'ai pas changé, ça marche ou ça marche pas, ça me changera pas la vie, je fais ça pour le plaisir.


Des projets pour la suite ?

J'ai un projet avec Djeh des Screenatorium en cours, un truc assez conceptuel, un disque délire, entre potes, sans prises de têtes.


Tes fans auront-ils un jour l'occasion de te voir su scène ?

Difficile à dire, pour l'instant j'en ai toujours pas suffisamment envie. Y'a aussi le fait que j'ai beaucoup moins de temps dans ma vie personnelle pour mettre ça en place... j'ai pas trouvé la bonne formule pour m'éclater sur scène et par la même occasion, que ceux qui sont devant moi s'éclatent aussi.