Interview Marcel Salem
07 novembre 2008
Chronique Marcel Salem - Africa Vigilance

Je prépare mes questions en lisant ta bio...le moins que l'on puisse dire c'est que le chemin a été sinueux !
Raconte nous un peu ton histoire...comment arrive-t-on de la boxe à la
musique ?
Depuis ma naissance la musique faisait partie de moi. Dieu a voulu que je passe par la boxe. Mon histoire est celle de nombreux individus sur cette terre qui ont lutté jour après jour, sans jamais baisser les bras. Croire en soi est une philosophie de survie. La patience est un long chemin d'or.
Est-ce qu'il y a eu un déclic, un album, un artiste ou un rêve qui t'a montré la voie, ou ça s'est fait naturellement ?
Je dormais sur mes cartons derrière le comptoir d'une boutique de vitrier à Abidjan que j'avais réussie à monter en vendant pendant plusieurs mois des légumes sur le marché, et cette nuit là, dans mon rêve, mon père me poussait vers la foule en me disant , chante mon fils, chante. Mon père et mon grand-père chantaient en latin à l'église tous les dimanches et ils étaient dans toutes les chorales de la région.
Mon père était mon meilleur ami.
A partir de quand as-tu commencé à vivre de la musique ?
Tu sais, pour nous africains, il est difficile de vivre de nos premiers albums, d'autant plus que j'ai écris peu de textes en français et encore moins en anglais. Encore une fois la patience........
Tu ne t'es jamais découragé ?
Jamais. Le découragement ne fait pas partie de moi.

Ta vie ferait un excellent film ! Tu serais partant pour jouer le rôle principal et faire la bande-son ?
La bande son - ce serait formidable - pour mon propre rôle, je ne me vois pas acteur, mais rien n'est impossible. En tout cas c'est une question sympa. Mais tu sais, il y a une journaliste Cloé Vienne qui a fait un reportage sur les lieux que j'aimais particulièrement au Sénégal en interrogeant les gens qui m'avaient connu en tant que boxeur puis chanteur.
Mais j'ai l'impression que les chansons du premier album « Carroy 44 » sont déjà la bande son de ta vie non ?
Chaque album sera une partie de ma vie, de la vie de tous mes frères africains. Modestement la voix des sans voix - tu sais ceux qui vivent dans les villages et qu'on n'entend jamais, ceux qui forment les grandes colonnes sur les routes en se déplaçant avec leur matelas sur la tête, ces milliers de gens qui ne s'expriment pas ou plus par manque de force.......... Tu vois tellement de choses à dire.................

Que penses-tu d'Alpha Blondy et de son titre 'les imbéciles' où il dit que "les ennemis de l'Afrique ce sont les Africains" ?
Comme lui, tu sembles penser que les Africains ne s'en sortiront que par eux-mêmes ?
Bien sûr. Les gouvernants sont les grands ennemis de l'Afrique. Ce sont des robots qui se laissent entièrement manipuler par l'Occident et s'il n'y a aucune révolution en Afrique, rien ne changera. Prends l'exemple de l'Occident, aucune avancée ne s'est faite sans révolution.
Penses-tu que le reggae doit avoir un rôle de messager, de prise de conscience ?
Évidemment. Mais pas seulement le reggae, toute musique doit apporter à celui qui l'écoute un message. Tout court. Ne va pas plus loin.
**** Questions freezeec ****
Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Du jazz et du blues, de l'afrobeat, ça fait partie de ma vie.
Des artistes à nous conseiller ?
Mais tu les connais. BB KING – AHMAD JAMAL – FELA KHUTI – PETER TOSH ............... bref ils sont tellement nombreux.
3 chansons que tu ne te lasses pas d'écouter ?
Black beauty de Ahmad Jamal
Keep Real de John Lee Hooker
Sonny's Lettah de Linton Kwesi Johnson
...et plein d'autres
3 films cultes ?
Tu t'imagines bien que je n'ai pas une grande culture cinématographique. Je n'ai guère eu l'occasion de voir beaucoup de films. Mais si je devais citer 3 films ce serait : Carroy et le mandat d'Ousmane Sembene sans oublier Xalat, magnifique. Et le futur film sur Obama, président des Etats-Unis. Tu vois je suis un éternel optimiste. (ndlr : l'interview a été réalisé avant l'élection d'Obama).
Une passion autre que la musique ?
En dehors de la course à pied, la lecture – je suis un boulimique. Allez portes toi bien. Le chemin est encore long mais n'oublie pas il est d'or si tu as de la patience.
Tant que je vivrai je me battrai.